Brûlures, auréoles et lacunes

En 1532 éclata un incendie dans la chapelle du château ducal de Chambéry, où était conservé le Suaire, plié, dans un coffret d’argent. Une goutte de métal fondu tombée sur le Linceul en traversa toutes les couches, détruisant le tissu. Ce qui explique la répétition symétrique des lacunes caractéristiques en forme de triangles. Les deux lignes noires qui bordent la figure des deux côtés sont des traces de brûlure au contact des parois surchauffées du coffret.
Ces lacunes furent réparées en 1534 par les Clarisses de Chambéry, qui se chargèrent de les recouvrir avec des rapiéçages. Pour renforcer la structure du Linceul endommagé par l’incendie, les sœurs cousirent en outre le Suaire et les rapiéçages sur un tissu de lin, appelé toile de Hollande.
Pour des motifs de conservation de la toile du Suaire, ces rapiéçages ont été ôtés en 2002, et la toile de Hollande remplacée par un nouveau tissu de support, reconnaissable sous les brûlures par sa couleur et sa trame différentes.
Auréoles dues à l’eau
Les taches en forme de losanges, qui se répètent à plusieurs reprises au centre et le long des bords du linceul, sont dues à l’eau qui a mouillé le tissu, à un certain moment de l’histoire du Suaire. Dans ce cas également les empreintes se répètent symétriquement à cause de la façon dont le Linceul était plié. Le bord irrégulier, en dents de scie, de l’auréole est dû aux substances présentes sur le Linceul et entrainées par l’eau.
Traces de brûlure antérieures à l’incendie de Chambéry
Sur le Suaire sont évidentes encore d’autres lacunes arrondies, qui se répètent aussi symétriquement. Mais leur disposition différente par rapport aux brûlures de Chambéry suggère un système de pliage différent. Ces brûlures sont sûrement antérieures à l’incendie de 1532, puisqu’elles sont déjà attestées dans un tableau, copie du Suaire, datant de 1516, et aujourd’hui conservé à Lierre, en Belgique.
Les lacunes aux coins supérieurs et la bande rapportée
Le long du bord qu’on appelle conventionnellement supérieur (le Suaire est en effet exposé avec l’empreinte antérieure à gauche du spectateur) a été anciennement cousue une bande du même tissu que le Suaire. On ignore la raison de cette adjonction, même si on a émis beaucoup d’hypothèses. Aux bords extrêmes cette bande présente deux importantes lacunes, sous lesquelles apparaît le tissu de support. Dans ce cas non plus, on ne sait ni quand ni pourquoi se produisit cette mutilation, certainement ancienne. Le long du bord inférieur de la lacune en haut à gauche du spectateur, se trouve la zone où furent effectués les prélèvements de deux échantillons de tissu : en 1973 pour des analyses de la nature et de la composition du tissu, et en 1988 pour sa datation par la méthode du carbone 14.